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LA BANDE CADET

bien mené ; aussi M. Noël ne le gagna sérieusement qu’au boulevard du Temple, en face de cette foire si joyeuse et si curieuse qui groupait encore alors les théâtres populaires, que ce fâcheux cimetière industriel, les Magasins-Réunis, allait bientôt remplacer. Tous les lampions dramatiques étaient allumés, éclairant ces tableaux alléchants où la curiosité publique avait à choisir entre la femme étranglée, le château incendié, l’homme qui dévore son bras au fond du cercueil, le navire qui s’engloutit dans les ondes et les pauvres petits enfants, toujours orphelins, précipités à tour de bras du haut d’un rocher plein de cavernes.

Le grand art du mélodrame se portait mieux qu’à présent.

On peut jeter un regard de côté aux paysages qu’on aime sans s’attarder pour cela. M. Noël, viveur surnuméraire, large appétit qui jamais n’avait été rassasié, adorait le théâtre de la Gaîté presque autant que le restaurant Bonvalet ou le bal du Grand-Vainqueur. Il lorgna en passant, avec gourmandise, le tableau qui représentait un monstre rouge, dévorant la fille unique du vieux marquis de Montalban !