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LA BANDE CADET

mais propres, étonnaient le regard. C’était d’abord un lit d’acajou tout battant neuf et qui semblait sortir d’un magasin à bon marché de la rue de Cléry ; c’était ensuite un maigrelet guéridon, du même acajou plaqué, de la même provenance archi-bourgeoise, supportant un plateau à thé, une volaille froide, des gâteaux, une carafe et plusieurs bouteilles.

La figure de M. Morand devint plus grave, s’il est possible, quand il franchit le seuil de cette pièce. Il se découvrit d’un geste involontaire : on eût dit qu’il entrait dans une église.

— Est-ce beau, Tilde, ma coquinette ? demanda-t-il.

L’enfant ouvrait de grands yeux curieux mais fâchés. Certes, elle ne trouvait là rien de beau, sinon l’acajou luisant du lit et de la tablette. Elle ne regardait pas même les gâteaux.

M. Morand l’enleva dans ses bras et la mit dans un fauteuil énorme, où elle disparut comme une mauviette qu’on servirait sur un de ces grands plats d’argent, mesurés par l’appétit de nos pères à la taille des boucliers chevaleresques. M. Morand roula le fauteuil contre un guéridon, sucra un verre de vin, rapprocha les gâteaux et dit :