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LA BANDE CADET

Larsonneur ne prenait pas de gants pour se plaindre, et comme on lui objectait la confiance vraiment exceptionnelle prouvée par cette conduite, il répondait avec mauvaise humeur : « Confiance tant que vous voudrez, ça n’ajoute rien du tout à ma paye de la fin du mois. »

Tout homme est porté du premier coup à contredire l’assertion quelconque de tout autre homme. Ceci est vrai, surtout entre gens de bureau. Les employés de la prison oubliaient l’incident pour ne penser qu’aux « embarras » faits par leur camarade, tout gonflé des bonnes grâces du patron. Ils se disaient, en haussant les épaules : « C’est un poseur ! Si M. Buin revenait par hasard, vous verriez tomber sa crête ! »

Les braves gens ne croyaient pas deviner si juste !

Ce fut seulement en sortant de la geôle, après l’écrou levé, que Larsonneur donna, pour la première fois, signe de vie à son prisonnier. On traversait le dernier couloir avant la cour des Poules, où s’ouvrait la grand’porte donnant sur la rue Pavée.