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LA BANDE CADET

nement du jour. Les commis vinrent sur le pas de la porte pour jeter un coup d’œil au Manchot, et il fut convenu, à l’unanimité, que jamais assassin n’avait porté son crime mieux ni plus lisiblement écrit sur son visage.

De l’administration à la geôle, Larsonneur aborda plusieurs employés. Le fait d’une translation de prisonnier, opérée à cette heure, n’était pas ordinaire. L’escorte s’était trouvée en retard, et Larsonneur racontait qu’il avait dû monter chez les Jaffret pour prendre l’avis de M. Buin, qui, ne voulant à aucun prix garder la responsabilité du condamné, avait ordonné de passer outre.

Certes, le moment était tranquille, et le voyage d’une prison à l’autre, dans une bonne voiture entourée de gendarmes, ne présentait aucune espèce de danger ; là n’était pas la raison de s’étonner.

C’était bien plutôt l’absence même de M. Buin, le directeur, en une circonstance pareille : absence d’autant plus inexplicable de la part d’un fonctionnaire si minutieux dans l’accomplissement de ses devoirs que M. Buin, au su de tout le monde, était dans le quartier, presque dans la même rue, en un mot à deux pas.