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LA BANDE CADET

rapide au prisonnier, qui baissa aussitôt les yeux.

C’était, ce Larsonneur, un personnage évidemment beaucoup plus considérable que ses compagnons. Il était bas sur jambes et très robuste, avec une figure fortement caractérisée, qui semblait faite pour dénoncer un audacieux mélange de sang-froid et de bonne humeur, mais qui, en ce moment, était grave jusqu’à la dureté.

On le devinait geôlier, sous son costume de bourgeois sans gêne, comme on lit la profession du militaire ou du prêtre sur les habits étrangers qu’ils ont empruntés par hasard.

M. Buin l’avait sans doute mis à l’épreuve, car il lui témoignait une entière confiance.

Quand ce Larsonneur remit les menottes à Noël, celui-ci dit, d’un air aimable :

— Faites excuse, on n’en a besoin que d’une pour le moment, le malfaiteur ne pouvant gesticuler qu’avec un bras.

Tous les surveillants rirent en dedans et en dehors de la porte. L’un d’eux prêta sa ceinture, et la main gauche de Clément fut, par ce moyen, assujettie solidement à ses reins.