Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome I.djvu/157

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
155
LA BANDE CADET

Laurent, le valet qui ressemblait à un rentier, posa la lampe sur la table de jeu entre le comte de Comayrol et Mme Jaffret, dont le profil d’oiseau de proie fut éclairé vivement. Le prisonnier pirouetta sur ses talons, comme si cette vue l’eût blessé, et se trouva nez à nez avec le gardien Noël, qui s’était glissé derrière lui.

— Encore vous ! dit-il moitié riant moitié irrité.

La voix de Noël eut des inflexions véritablement suppliantes.

— Ça n’a pas de bon sens, monsieur Clément, dit-il, de vous refuser de l’air à vous-même ! Mettez seulement ma défroque, vous savez la prison par cœur, je garantis que vous arriverez tout droit à la Vieille-Dette ; une fois là, vous prenez à gauche comme si vous alliez à mon logement. On refait le mur de l’Égyptienne, vous vous terrez dans les déblais. Les rondes ? allons donc ! vous savez ce qu’elles valent ! Vous arrivez à Sainte-Anne ; le hangar où les maçons mettent leurs échelles est au coin du préau. Elles ont leurs chaînes, mais ça ne vous gêne pas les cadenas, et si vous n’avez pas de passe-partout sur vous, voilà le mien…

Il tendait en même temps un outil de voleur,