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LA BANDE CADET

par le vice, et dont les yeux rougis exprimaient en ce moment un âpre désir. Il avait le grade de surveillant et se nommait Noël.

— Alors, dit-il après un silence pendant lequel son impatience était visible, ça vous amuse ces bamboches-là ?

— J’ai toujours aimé lire ce qu’on disait de moi, répondit le prisonnier avec une indifférence qui n’avait rien d’affecté.

Noël tourna la tête et sifflota entre ses dents.

— J’ai fait de mon mieux avec vous, reprit-il, pourquoi n’avez-vous pas confiance en moi ? Vingt mille francs, c’est une bagatelle pour vous ; je ne vous demande que vingt misérables mille francs, de quoi m’amuser pendant deux ans, bien comme il faut, à 30 ou 40 francs par jour, et après ça la fin du monde !

— Je n’ai pas vingt mille francs, dit Clément, voilà tout.

— Vous avez une plume, de l’encre et du papier, riposta Noël dont la voix était pleine de supplication et de colère. Deux ans de noces, ce n’est pas trop demander. Signez-moi un bon sur les neveux de Schwartz et Nazel, rue de Provence. À quoi bon