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LA BANDE CADET

— Des bêtises ! grommela Jaffret.

Adèle et Comayrol jouaient en silence.

— Vous, mon bon ami, dit le directeur, vous n’avez jamais cru aux Habits-Noirs, mais voilà ! il y a un million de Parisiens qui ne sont pas de votre avis, et le ministère public a laissé entendre que la bande Cadet n’était qu’une section de cette grande armée du mal qui a effrayé tour à tour les capitales de l’Europe !

— Des bêtises ! répéta Jaffret : ça inquiète le commerce ces choses-là !

— Moi, je crois aux Habits-Noirs, dit Comayrol, qui était pâle.

— Parbleu ! appuya Mme Jaffret, dont les vieilles mains, rudes comme celles d’un homme, tremblaient un peu en remuant les dominos.

En ce moment, une psalmodie criarde monta du dehors ; des marchands de « canards », qui débouchaient par la rue Saint-Antoine, s’engageaient entre la prison et les démolitions, criant à pleines voix enrouées :

« Achetez ce qui vient de paraître : Horrible assassinat du cinq janvier, rue de la Victoire ; cinq accusés, deux victimes ! La bande Cadet, renaissance des