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LA BANDE CADET

— Il paraît, fit Clotilde. Excusez-moi, je pensais peut-être à ce qui me regarde.

— Et vous avez de quoi penser, chère enfant ! Quel saut vous allez faire ! Du fond d’une cave au plein soleil ! C’est comme si on me donnait à moi, vieux geôlier, la surintendance des théâtres… Eh bien ! il s’agit tout simplement de la cause célèbre dont s’entretient tout Paris : de la bande Cadet et de son chef, le fameux Manchot…

— Clément le Manchot, murmura la jeune fille.

— Juste.

— C’est lui, le condamné ?

— Il le nie. Il a des papiers à un autre nom, mais deux témoins l’ont reconnu… Je racontais donc tout à l’heure que, pendant trois mois que l’instruction a duré, Clément Cadet ou Pierre Tardenois, comme il veut s’appeler, a été supérieurement traité chez nous. Il a de belles connaissances. Des recommandations venues de très haut m’autorisaient à faire pour lui tout ce qui se peut faire dans une prison. Et, comme il a des ressources, il menait, en vérité, sauf la liberté d’aller et de venir, une vie couleur de rose. Rien ne lui manquait…