Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome I.djvu/130

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
128
LA BANDE CADET

fuyant, dégarni selon une ligne étroite, depuis le front jusqu’à sa nuque, et ses joues grassouillettes, mais tombantes, exprimaient la mansuétude et la simplicité du cœur. Il parlait peu, mais il sifflait volontiers quelque petit compliment à ses bouvreuils, surtout à Manette et à Jules, qu’il affectionnait tendrement.

Il avait pauvre mine dans ses vêtements, quoiqu’il fût habillé de neuf. Il appelait sa femme Adèle, et la tutoyait, mais avec déférence.

Je ne sais pourquoi la vue de ce cher bonhomme inspirait quelque défiance aux gens ; les pinsons lui mangeaient pourtant dans la bouche.

Comme âge, on ne savait trop ce qu’en dire.

Adèle ne le tutoyait pas.

Cette Adèle était une physionomie beaucoup plus tranchée, et jamais lunettes d’or, rondes, larges, fortement cerclées n’allèrent mieux à un nez vigoureux et recourbé avec hardiesse. Elle était grande, maigre, noire de peau, grise de poil ; ai-je dit qu’elle assassinait les oiseaux ?

On aurait juré parfois qu’elle sentait la pipe, quoiqu’on ne la vît point fumer. Ne vous étonnez pas trop : elle avait bien de temps en temps une robuste