Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome I.djvu/109

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
107
LA BANDE CADET

Au moment où Clément et Tilde sortaient bras dessus, bras dessous du cimetière, la tête haute, un fiacre montait le chemin. À la portière, une vieille figure pâlotte se montrait, emmitouflée dans un large tricot bleu à la couleur passée.

C’était un homme d’une soixantaine d’années, aux joues bouffies et flasques, avec des yeux fuyants, dont le bleu était encore plus déteint que celui de son cache-nez. Il tremblait de froid, mais néanmoins il avait ôté le gant de sa main droite pour jeter des mies de pain aux petits oiseaux.

— Tiens ! dit Clément, en voilà un qui va trouver nez de pois chez nous ! Papa l’appelle toujours vieille baudruche, celui-là !

Tilde regarda à son tour, et balbutia :

M. Jaffret, le vieux des moineaux ! c’est lui qui nous a mis à la porte de chez nous, je suis perdue !

Clément regarda M. Jaffret de travers, et dit :

— On peut toujours s’ensauver.

Mais il n’était déjà plus temps. Le bon Jaffret avait aperçu la fillette, à qui il envoya un baiser.

— Je viens te chercher, mignonne, dit-il.

Puis, s’adressant à Clément :