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naire, mais pour nous-mêmes, cette fois. Me comprends-tu ?

— Pas encore, fit Lecoq.

La voix du vieillard s’était raffermie ; il parlait bas, mais net.

— Il y a un limier sur nos traces, dit-il, un fin limier. Ne cherche pas à deviner, celui-là n’est pas de ton monde, et tu ne l’as jamais rencontré dans les corridors de la rue de Jérusalem, M. de la Perrière.

— Ah bah ! fit Lecoq avec un vaniteux sourire, je fréquente plus d’une sorte de monde, papa, et il ne faudrait pas croire non plus que vous êtes le seul pour voir plus loin que le bout de votre nez.

Le colonel le regarda par-dessous ses paupières demi-baissées.

— Tu as de la capacité, mon chéri, prononça-t-il tout bas, et d’un ton de caresse, beaucoup de capacité ; c’est toi que j’aime le mieux, tu le sais bien, et je te garde mon héritage. Voyons si tu as touché juste : Où prends-tu le limier dont je parle ?

— Parbleu ! fit Lecoq, le voilà qui cause là-bas avec Fanchette.

Son doigt tendu montrait M. Remy d’Arx, au bras de qui la belle Francesca Corona s’appuyait maintenant, sérieuse et attentive.

— Tiens ! tiens ! murmura le vieillard du ton d’un maître que les progrès de son élève surprennent agréablement, j’ai toujours dit que tu étais un joli