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— Fillette, dit-elle de loin à Valentine, quand tu voudras, tu arrangeras une contredanse.

— À Saumur, fit observer le cousin, on n’oserait danser devant un membre du clergé. Il n’y a plus d’atout, et mes trèfles sont maîtres. Est-ce joué, monsieur le chanoine ?

Il étendit ses trois dernières cartes sur la table.

— À Paris, pour ce qui regarde la danse, répondit le vieux prêtre, nous faisons comme nous pouvons. Mais vous n’avez pas bien compté les atouts, cher monsieur, ajouta-t-il en coupant, et vous venez de perdre deux levées par votre faute.

Valentine et Marie, assises au piano, attaquaient déjà un quadrille à quatre mains.

— C’est vrai, pourtant, dit Mlle de Tresme pendant le prélude, M. d’Arx doit savoir bien des choses, car c’est lui qui avait commencé l’instruction. Mais c’est l’homme du mystère, on n’en peut jamais rien tirer.

Dans la serre, il n’y avait plus que deux couples : le colonel Bozzo et M. le baron de la Perrière, auprès de la porte d’entrée, Remy d’Arx et la comtesse Corona tout à l’autre bout et cachés derrière un massif de yucca.

M. le baron avait quitté cette apparence de respect qu’il gardait naguère vis-à-vis du vieillard, et lui parlait avec une familiarité presque effrontée.

Le colonel, lui, ne changeait jamais ; c’était toujours la même placidité discrète et douce.

— Voilà ! dit le baron, toutes vos histoires s’ar-