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se gagne dans la pratique des comices agricoles, il ajouta :

— La Gazette des Tribunaux, monsieur le baron, répond à un besoin de notre époque. Je cherchais depuis longtemps pour ma fille un organe qui ne parlât ni politique, ni religion, ni morale, ni surtout littérature, car c’est la ruine des familles. La Gazette des Tribunaux remplit admirablement ces diverses conditions.

— Elle a évidemment été fondée pour le délassement des demoiselles, murmura M. de la Perrière en gardant son grand sérieux.

— Avant de m’abonner, continua le cousin de Saumur, j’ai fait prendre des renseignements par mon notaire, car j’avais été la victime de plusieurs publicistes qui avaient mis la clef sous la porte après avoir encaissé mon argent.

— On dit, interrompit encore M. de la Perrière, que les Habits-Noirs avaient un journal officiel !

— La Gazette des Tribunaux, repartit très ingénument le gros homme, ne fait pas mention de cette circonstance. Les renseignements fournis furent excellents, j’eus la preuve que l’entreprise était dans une situation florissante, et depuis dix-huit mois nous recevons cette feuille véritablement intéressante dont Mlle de Champion nous lit les articles après le dîner.

— Ce doit être une jeune personne instruite, fit observer Mme de Tresme avec son bienveillant sourire.

Le cousin de Saumur la regarda d’un air un peu inquiet.