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à ta place et tout sera dit, » combien d’innocents, poussés par la force ou entraînés par la ruse, ont-ils franchi le seuil fatal !

Une fois le seuil franchi, la loi payée biffe le crime au droit et à l’avoir de son grand-livre. Alors, Thémis, sereine, ayant balancé ses écritures, dort appuyée sur le glaive qui jamais ne peut se tromper.

Jamais ! la loi l’a dit, et les têtes coupées ne parlent pas. Il y a telles exceptions plus connues que le loup blanc, ainsi Lesurques, par exemple, qui dorment ainsi côte à côte avec la loi et qui semblent destinées à confirmer la règle jusqu’à la consommation des siècles !

L’Italie fut toujours la terre classique du brigandage. Vers la fin du siècle dernier, le fameux Fra Diavolo réunit sous sa carabine les Camorre deuxième et troisième, composées des bandes calabraises et siciliennes, auxquels se joignirent les proscrits, réfugiés sur le versant de l’Apennin qui descend vers la Capitanate. La terreur publique leur fit bientôt une renommée à ces bandits qu’on appelait les Veste-Nere à cause de leur costume. Les gouvernements de Naples et de Rome mirent à prix la tête de leur chef, ce qui n’empêcha point le cardinal Ruffo de les enrôler militairement et de les lancer contre nos soldats en 1799.

Les Veste-Nere combattirent et pillèrent autour de