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très chaude ; on lui connaissait au moins un duel où il avait poussé la bravoure jusqu’à la folie ; il était doux comme une femme, mais tous les chevaliers sont ainsi, et sous les plis de sa toge peut-être y avait-il encore une épée.

Nous ajouterons qu’indépendamment des promesses de son avenir M. Remy d’Arx avait soixante mille livres de rentes.

Avant l’arrivée de Valentine, plus d’une parmi les belles dames qui fréquentaient l’hôtel d’Ornans avait tenté peut-être de nouer ses couleurs à l’épaule de ce magnifique berger ; plus d’une mère aussi l’avait montré à sa fille d’un doigt discret en prononçant ces paroles utiles qui ouvrent les yeux de la vierge sans maculer l’entière blancheur de sa robe ; aucun résultat n’avait été obtenu. Remy passait doux et indifférent dans ce monde où l’attiraient la marquise elle-même, ancienne amie de sa mère, le colonel Bozzo, pour qui il professait un respect filial, et cette charmante comtesse Corona, qu’il aimait comme une sœur.

Au premier moment, on put croire que la présence de Mlle de Villanove ne modifierait point la situation, du moins en ce qui concernait Remy d’Arx.

Aux yeux de ce petit monde dont il était le favori, son seul défaut était un tantinet de sauvagerie. On crut s’apercevoir qu’il devenait un peu plus sauvage, mais ce fut tout.

Le jour où l’une de ces demoiselles découvrit que Valentine, pour employer la locution si prudente et