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pouvoir bien être le mot de l’énigme, appartenait à un jeune magistrat dont nous avons déjà fait mention et qui se promenait en ce moment dans la serre contiguë au salon avec la belle comtesse Corona, petite-fille du colonel Bozzo.

C’est ici le chapitre aux portraits ; nous ne ferons pas celui de Francesca Corona, noble et malheureuse créature dont nous avons dit ailleurs[1] la bizarre histoire. Elle n’a point de place dans ce drame ; mais il nous faut peindre au contraire son cavalier, M. Remy d’Arx, qui est un de nos principaux personnages.

C’était un homme de trente ans, à la taille haute, élégante, mais un peu roide. La gravité, dans la profession qui était celle de M. d’Arx, peut passer quelquefois pour un masque ou tout au moins pour un accessoire nécessaire à l’uniforme ; mais il suffisait de jeter un regard sur la belle figure de Remy pour éloigner toute idée de parti pris théâtral.

Son caractère sautait aux yeux : c’était une intelligence laborieuse et forte, mariée à une âme sincère jusqu’à la naïveté. Il était aimé généralement et universellement estimé, malgré les chances de grande fortune judiciaire que l’opinion publique lui accordait.

Il ne faut pas toujours juger l’importance spécifique d’un homme par le grade qu’il occupe. Tel général qui a eu ses épaulettes comme les poires mûrissent, donne souvent des ordres à de simples offi-

  1. Les Habits-Noirs et la Rue de Jérusalem