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plomates qui voyaient l’affaire sous ses deux faces sérieuses, l’argent et l’influence ; il y avait enfin des amoureux, de vrais amoureux, car il en reste, quoi qu’on dise ; et n’en fût-il plus, Valentine, l’enchanteresse, avait tout ce qu’il fallait pour en ressusciter la race éteinte.

Elle semblait plutôt petite, comme toutes celles dont la taille a d’exquises proportions, mais sa démarche se relevait en de gracieuses et juvéniles fiertés. Tout en elle était charme, et comment dire cela ? le charme variait de minute en minute, toujours attrayant et ne se ressemblant jamais à lui-même.

C’était dans toute la force du terme une nature abondante, variable, pleine d’imprévu et de surprises.

Elle avait tour à tour, et presque au même instant, la molle indolence de la jeune fille créole et ces explosions de vivacité féminine qui éblouissent l’esprit, qui étonnent le cœur comme les paupières cherchent et fuient l’éclat trop brillant d’un feu d’artifice.

Elle était gaie, mais rêveuse ; il y avait d’étranges tristesses au milieu de ses joies d’enfant. Alors, l’éclair de ses prunelles se voilait et ses grands yeux bleus, limpides sous l’arc de ses sourcils noirs, semblaient chercher dans le vague quelque chose qu’elle seule voyait, quelque chose qui était le secret de son âme à la fois candide et impénétrable.

Dès les premiers jours, ses compagnes nouvelles, qui pourtant s’étaient prises bien vite à l’aimer, l’avaient déclarée capricieuse ; plus tard, son histoire,