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bienveillance, et sous ses paupières, largement tombantes, ses yeux bleus, presque toujours muets, comme ceux des magnétiseurs et des diplomates, retrouvaient parfois de pétulants éclairs.

De l’autre côté de la cheminée, Mme la marquise d’Ornans, ancienne jolie femme aux manières courtoises et presque caressantes, présidait un petit cercle de dames auxquelles se mêlaient quelques invités.

Très loin de là, auprès du piano ouvert, il y avait un groupe de jeunes filles qui semblaient attendre l’heure de sauter.

Car on dansait à l’hôtel d’Ornans, depuis qu’était revenue d’Italie la nièce de Mme la marquise, la belle, la délicieuse Valentine de Villanove.

Nous n’avons point parlé encore de celle-là qui était la vie, qui était la joie, mais qui était aussi un peu le mystère de la maison.

Un beau jour, Mme la marquise avait dit à ses nombreux amis : « Ma nièce est arrivée, » et huit jours après, Mme la marquise avait donné son premier bal pour présenter sa nièce, qui était bien la plus ravissante créature du monde.

Il en vient comme cela d’Italie qui sont charmantes à éblouir, et le nom de Mlle de Villanove indiquait suffisamment son origine ; mais les connaisseurs, pourtant, ne trouvaient point en elle le type italien très nettement accusé. Il y avait de la joliesse française parmi sa beauté florentine, et sous l’admirable fierté de sa paupière, je ne sais quelle espièglerie parisienne couvait.