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depuis le premier jusqu’au dernier, des physionomies débonnaires.

Aucun d’eux, à ma connaissance, ne battit bien vivement le briquet pour allumer le flambeau de la guerre civile.

On eût dit que leur ambition se bornait à réunir autour d’eux une petite église de gens riches et crédules qui pussent les appeler tout bas « Votre Majesté, » en leur assurant bonne table, bon logis et chaude garde-robe.

Ils furent pourtant, on doit le dire, malgré leur inertie, un des dissolvants les plus efficaces de ce grand parti royaliste qui, malade dès le temps de la Restauration, gardait encore sous Louis-Philippe une considérable vitalité. Aussi la sagesse bourgeoise du gouvernement de Juillet se gardait-elle bien d’apporter la moindre entrave au commerce pacifique des prétendus héritiers du roi martyr ; le mot d’ordre était donné d’un bout à l’autre de la France ; les Louis XVII pouvaient se promener dans le faubourg Saint-Germain et en province sans être inquiétés le moins du monde.

Volontiers leur eût-on signé des feuilles de route, avec secours, pour faire pièce à l’opposition légitimiste. Tout ce qu’on exigeait d’eux, c’était de garder l’oriflamme sous leur chemise et de ne se faire sacrer qu’à huis-clos dans le salon fermé de quelque vieux manoir ou dans la salle à manger d’un presbytère.

Mme la marquise d’Ornans possédait une très belle fortune et nourrissait un Louis XVII qu’elle espérait