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ron circulaire d’aspect monumental, était tout ce qu’on apercevait de l’hôtel d’Ornans. Des bosquets touffus, aidant l’inégalité des terrains, cachaient entièrement le surplus des constructions, qui étaient considérables. Il y avait par-derrière un jardin qui eût presque mérité le nom de parc ; une passerelle entourée de lianes franchissant le chemin qui porte maintenant le nom de Balzac et prolongeait le gracieux domaine de la marquise à travers des pelouses veloutées, de grands massifs sombres et des corbeilles de fleurs jusqu’au mur du Bel-Respiro.

On démolit l’hôtel vers la fin du règne de Louis-Philippe, et ses dépendances furent morcelées.

Mme la marquise d’Ornans, née Julie de la Mothe-d’Andaye, avait déjà franchi, à l’époque où se passe notre histoire, les dernières limites de la jeunesse ; elle se coiffait en cheveux gris et ne détestait point qu’on lui donnât le titre de femme politique.

Elle avait aussi quelques prétentions au bel esprit.

Sa politique, du reste, était plutôt une religion, et rarement son chapeau sortait de l’étui dévot où elle le gardait au fond de son armoire.

Elle croyait à Louis XVII.

C’est un fait assez remarquable que l’allure uniformément paisible des divers personnages, imposteurs ou non, qui jouèrent le rôle de Louis XVI. On en vit beaucoup dans la première moitié de ce siècle : quelques collectionneurs soigneux en ont compté, je crois, jusqu’à une douzaine ; mais tous ces prétendants, ainsi que leurs partisans, avaient,