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auprès du lit, il y a une porte condamnée qui communique avec la chambre numéro 18. Nous te payons cher, petit, parce que tu es un des plus habiles serruriers de Paris ; il faut que tu nous fasses ici quelque chose de soigné. Tu dévisseras d’abord les deux verrous, puis tu briseras la serrure.

— Sans laisser de trace encore ?

— Du tout ! au contraire ! Tu joues désormais le rôle d’un voleur novice ; tout doit être fait grossièrement et les preuves d’effraction doivent sauter aux yeux. Seulement, et voilà où tu montreras ton talent, les choses doivent rester en place et paraître en bon état jusqu’à ce que quelqu’un touche la porte condamnée, s’y appuie, la pousse… Tu m’entends ?

— Oui, répondit Cocotte qui souriait, je vous entends… et après ?

— Après, tu laisses un « monseigneur » sous une chaise, une pince dans la ruelle du lit ; tu refermes proprement la porte d’entrée et tu files en te disant : Voilà une soirée qui m’a apporté un billet de cinq cents francs… Roule ta bosse et fait monter le Marchef.

Quand Coyatier entra, M. l’Amitié était debout. Il devint un peu pâle, en voyant l’athlète refermer successivement les deux portes, et, certes, il y avait de quoi.

Mme Samayoux n’avait point dans sa ménagerie de bête féroce comparable à celle-là.

C’était un homme grand et gros dont les membres massifs semblaient posséder une puissance extraor-