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— Cela se pourrait bien, bonhomme, interrompit l’Amitié, mais tu es là pour répondre et non point pour te fâcher. As-tu vu la dompteuse ?

— Je la quitte. Elle a sa baraque place Walhubert, devant le Jardin des Plantes, et doit emballer après-demain pour la fête des Loges.

— Se souvient-elle de Fleurette ?

— Je le crois bien ! quand ce ne serait que par jalousie !

— Ah ! ah ! fit l’Amitié avec une certaine vivacité, voyons ça… Ce vieux Père a décidément de la corde de pendu plein ses poches !

— J’ai donc payé le petit noir à la dompteuse, reprit Piquepuce, au café de la gare d’Orléans. C’est encore une femme agréable, quoiqu’un peu puissante. Il paraît qu’elle en tenait dans l’aile pour ce jeune Maurice et que ça lui est même resté malgré la suite des temps. Vous savez, les dompteuses d’animaux féroces, c’est presque toujours des femmes romanesques ; il n’y a pas plus langoureuse que Mme Samayoux, quoiqu’elle ait mis jadis son mari à l’hôpital d’un coup de boulet ramé, en jouant et sans malice, dont il est mort au bout de cinq semaines de souffrances ! Elle fait des vers comme père et mère, sauf l’orthographe, et pince la guitare à l’espagnole…

L’Amitié frappa du pied.

— Il ne s’agit pas de Mme Samayoux, dit-il, mais de Maurice et de Fleurette.

— J’allais y arriver. Quand on vint chercher la petite à la baraque de la part de ses parents, pour