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— Ces messieurs sont là et ils vous attendent.

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C’était une pauvre chambre au troisième étage d’une vieille maison de la rue d’Anjou.

La fenêtre donnait sur de grands jardins où le soleil d’automne jouait tristement dans les feuillages déjà flétris.

Ils étaient là tous deux, Maurice et Valentine, assis l’un près de l’autre et se tenant par la main.

Valentine avait jeté son mantelet sur un meuble ; elle avait la tête nue, ses cheveux dénoués ruisselaient en boucles abondantes.

Elle était belle jusqu’au ravissement.

Maurice la contemplait en extase.

Leurs lèvres se joignirent en un long et silencieux baiser.

— Je voudrais prier, murmura Valentine, car je sens que je ne suis pas condamnée. Nous avons tant souffert, Dieu nous pardonnera !

Il y avait à côté d’eux sur la table un verre plein d’une liqueur brillante et dorée comme le vin des îles espagnoles.

Ce verre était seul, aucun flacon ne l’accompagnait.

Maurice et Valentine évitaient de regarder ce verre.

Valentine s’agenouilla.

Maurice resta debout ; il était pâle, mais ferme.

Ce qui se passait ici avait été résolu froidement et de longue main.