Page:Féval - L’Arme invisible, 1873.djvu/362

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ter, mais l’évidence m’accable. C’est le même, c’est lui !

« J’hésite, j’ai voulu écrire ici son nom et je n’ai pu, le papier peut trahir une pareille confidence.

« Mais je vous dois tout, monsieur d’Arx ; pour vous je n’aurai aucun secret ; le jour où vous me demanderez ce nom, je m’engage à vous le dire. »

C’était le dernier mot.

Remy referma le manuscrit et demeura immobile, les yeux cloués au sol.

Il était si profondément noyé dans ses réflexions qu’il n’entendit point le bruit de la porte qui s’ouvrait.

Il n’entendit pas non plus qu’on marchait dans la serre.

Quand il releva enfin les yeux, il vit devant lui le colonel Bozzo-Corona debout et les bras croisés sur la poitrine.

Remy le regarda fixement et dit :

— C’est vous qui m’avez fait remettre cet écrit, monsieur ?

Le colonel fit un signe de tête affirmatif.

— On me l’avait volé, reprit Remy, dans mon cabinet, au Palais de Justice. Pourquoi me l’a-t-on rendu ?

— Ne l’avez-vous deviné ? murmura le colonel.

— Si fait, répliqua Remy, j’ai le pressentiment d’un grand malheur ; peut-être ne dois-je plus la re-