Page:Féval - L’Arme invisible, 1873.djvu/361

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— J’avais deviné ! dit Remy, qui replia la lettre avec assez de calme.

Il ajouta :

— Reste le colonel, dont la maison peut-être aura été frappée par la foudre…

Il reprit le manuscrit de Valentine et en poursuivit plus froidement la lecture.

Nous connaissons ce manuscrit, au moins par extraits, jusqu’à la dernière page, au milieu de laquelle Lecoq fut interrompu par le colonel Bozzo.

C’était à l’endroit où Valentine, éveillée par un choc violent, retrouvait le fil de ses souvenirs d’enfance.

Le brouillard se dissipait pour elle ; elle se revoyait au lendemain d’une catastrophe sanglante, seule, sans protecteur, entourée d’hommes dont le visage était voilé et qui discutaient sur sa vie ou sa mort.

La dernière ligne lue par Lecoq était celle-ci :

« … Le masque de celui qui était le maître tomba… »

Après ces paroles, qui avaient mis le colonel en un si grand émoi, le manuscrit de Valentine n’avait plus qu’une demi-page et nous la transcrivons :

« … Quand le masque fut tombé, je vis un homme de grand âge, au regard bon et doux, au front respectable que couronnait une chevelure blanche.

« Cet homme, ce chef des Habits Noirs, je l’ai revu, je le connais, vous le connaissez aussi, et vous l’aimez.

« Il est un de mes bienfaiteurs, j’ai essayé de dou-