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heureux d’être écouté : la procédure était plus claire que de l’eau de roche, les rapports de police ne laissaient pas l’ombre d’un doute, les divers témoignages concordaient avec un ensemble accablant…

— Il s’exprime bien, ce polisson-là, fit observer le cousin de Saumur.

Tout fier de cette caresse, M. Ernest redoubla d’éloquence.

— Mesdames, dit-il ex professo, vous ne connaissez probablement pas bien les formes de procéder, le mécanisme, je vais tâcher de me faire comprendre : le juge d’instruction forme à lui tout seul une sorte de tribunal préalable…

— Au fait ! au fait ! dit M. de Champion.

— Le juge, continua l’échappé de collège, résume son travail dans une pièce qu’on nomme une ordonnance de « soit communiqué ; » cette ordonnance saisit le ministère public, et le procureur du roi délègue un substitut pour examiner l’instruction ; le substitut fait un rapport dont les conclusions se nomment un réquisitoire…

— Les petits enfants savent cela ! gronda M. de Champion.

— Toutes ces dames, répartit aigrement M. Ernest, ne lisent pas la Gazette des Tribunaux avec la même assiduité que mademoiselle votre fille. On m’a prié de parler, je parle. Le réquisitoire de mon frère concluait au renvoi de l’assassin devant la cour d’assises, contrairement à quoi M. d’Arx a rendu une ordonnance de non-lieu pure et simple. Mon frère en a référé à son chef, le procureur du roi a lancé