ou trois jours, j’avais surpris quelques mots et je m’attendais à un événement extraordinaire.
« Mme Samayoux me dit : « Fleurette, voici tes parents et tu vas nous quitter. »
« La dame me prit dans ses bras et me baisa tendrement ; le vieillard tournait ses pouces en murmurant : « Comme elle ressemble à notre pauvre comtesse ! »
« Ce fut tout.
« On m’emmena ; je n’eus pas même le temps de dire adieu à Maurice… »
— Et que vois-tu de particulier là-dedans ? demanda le colonel ; tu m’as fait peur !
« … Quand je fus seule dans mon appartement de l’hôtel d’Ornans, poursuivit Lecoq sans répondre, je me souviens que je fermai les yeux pour regarder au-dedans de moi-même. Chose singulière, ce n’était pas à Maurice que je pensais ; je revoyais cet hôtel de la place du Tribunal, d’où la bonne était sortie en tenant une petite fille par la main, et je me disais : C’est bien vrai, c’était moi.
« Mes souvenirs essayaient de s’éveiller, mais si vagues et si changeants ! le moindre souffle les bouleversait.
« J’étais bien sûre de n’avoir jamais vu la dame ; le vieil homme, au contraire, avait produit sur moi une impression étrange : c’était comme l’écho affaibli d’un cri d’angoisse. Je torturais ma mémoire et je n’y trouvais rien, sinon une frayeur navrante et inexplicable… »
Le colonel sortit ses bras hors du lit et appuya