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que le monde sache enfin le roman de sa jeunesse. C’est désagréable, mais ça explique tout. Ce jeune malfaiteur a été saltimbanque avec elle chez la dompteuse d’animaux féroces… Comment l’appelles-tu, celle-là ?

Mme veuve Samayoux, père.

— C’est ça. Heureusement que notre Valentine est pourvue, maintenant. La marquise a-t-elle annoncé le mariage ?

— Oui, et tout le monde a fait de grands compliments, mais on en revenait toujours à l’assassinat de la rue de l’Oratoire. C’est très singulier, l’homme qu’on a tué était un voleur et il avait dans une canne à pomme d’ivoire les diamants de cette fille dont on parle tant, Carlotta Bernetti.

— Vraiment ! fit le colonel, les journaux en auront pour longtemps à radoter… Et que disait notre Valentine ?

— Elle n’est venue que très tard.

— À quelle heure ?

— Entre onze heures et minuit.

— Et quelle air avait-elle ?

— Son air de tous les jours… un peu fatiguée peut-être… Elle a été parfaite avec ceux qui lui faisaient compliment sur son mariage. Sais-tu, père, elle a bien meilleure façon que toutes ces demoiselles qui n’ont pourtant pas été en pension chez la veuve Samayoux ?

— C’est une drôle de fillette, répliqua le colonel. Va te coucher, mon ange ; j’ai sommeil.