Page:Féval - L’Arme invisible, 1873.djvu/325

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il y eut entre eux une dernière étreinte échangée, et leurs bouches se rencontrèrent en un baiser rapide comme l’éclair.

Puis Valentine se dégagea et revint vers le juge en disant :

— Sortons, je souffre plus que vous.

Elle repassa le seuil la première.

Remy, au lieu de la suivre, fit un pas vers le prisonnier.

— Lieutenant Pagès, lui dit-il d’une voix lente et qui allait se brisant à chaque mot, vous êtes innocent, je le crois ; vous serez sauvé, je le promets ; Mme Remy d’Arx ne vous a point trompé.

Mme Remy d’Arx ! répéta Maurice, qui recula comme si la foudre l’eût frappé.

Les lèvres blêmes du juge eurent un sourire. Au fond de son agonie, il triomphait.

— Elle m’appartient, dit-il encore ; je l’ai achetée, je vous épargne l’échafaud, mais c’est pour avoir le choix des armes, et vous ne me devez rien. Le lendemain du jour où vous serez libre, je vous tuerai.