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fut obligée de soutenir Remy, qui semblait prêt à se trouver mal.

— Courage, monsieur d’Arx, lui dit-elle, vous souffrez ; mais pour cet instant de souffrance, moi, je vous donne toute ma vie.

Ils entrèrent.

Au bruit que fit la porte, Maurice, qui était couché sur son lit, releva la tête indolemment.

Il bondit à la vue de Valentine et s’élança vers elle, mais l’aspect de Remy l’arrêta stupéfait.

— Ensemble ! murmura-t-il.

Remy était resté près du seuil et s’appuyait à la porte refermée.

Valentine aurait voulu se retenir peut-être ; elle ne put, son cœur l’entraîna ; elle courut à la rencontre de Maurice et lui jeta ses deux bras autour du cou en sanglotant.

Ils se tinrent ainsi embrassés pendant toute une minute qui fut pour Remy plus longue qu’un siècle.

Le transport de sa jalousie furieuse mais impuissante lui montait au cerveau ; il avait passé sous le revers de son habit, pour s’empêcher de rugir, sa main qui ensanglantait sa poitrine.

En même temps, son oreille se tendait avidement pour saisir la moindre parole prononcée ; mais il ne surprit que ces mots qui restèrent sans réponse :

— Maurice, M. d’Arx connaît ton innocence ; il a promis de te sauver.

Valentine, il est vrai, avait ajouté tout bas :

— Je t’aime, ne me juge pas ; je suis à toi, je ne serai qu’à toi.