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Comme il atteignait le seuil, deux mots tombèrent de ses lèvres, peut-être à son insu :

— L’arme invisible ! prononça-t-il.

Valentine l’avait rejoint, elle prit son bras.

— Vous chancelez, monsieur d’Arx, dit-elle ; appuyez-vous sur moi. Oui, l’arme invisible vous a frappé comme elle me frappa. Il semblerait que, même avant la bénédiction qui doit nous unir, Dieu avait créé entre nous un lien fatal.

— J’ai lu, continua-t-elle, répondant à l’interrogation muette de Remy, ces pages où se résume le travail de toute votre vie, vous avez bien fait d’en tirer trois exemplaires. Sait-on à qui se fier ici-bas ? Je vous ai apporté moi aussi ma confession, lisez-la. Chacun de nous, vous le verrez, connaît une moitié du sombre secret ; c’est pour cela que nous partageons les coups de l’arme invisible.

Remy ne demandait pas mieux que de trouver un obstacle sur la route où il marchait malgré lui ; il s’était arrêté.

— Vous trouverez dans l’écrit qui est là sur votre table, poursuivit Valentine, l’explication de mes paroles. Désormais, la source dangereuse où vous puisiez vos renseignements est tarie. J’ai eu peur pour vous, monsieur Remy d’Arx, à dater de cette rencontre nocturne qui me fit votre obligée. Je savais trop bien quelle était la puissance de l’association à laquelle s’attaquait votre courage, j’ai voulu voir celui qu’ils appellent le Marchef.

— Vous avez vu Coyatier, s’écria le juge, vous !