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Elle le prit par la main et le releva.

— Monsieur d’Arx, dit-elle, je veux voir Maurice pour la dernière fois.

Ce fut comme un poids de glace qui tomba sur le cœur du juge.

— Ah ! fit-il amèrement, j’aurais dû m’attendre à cela ! vous répondez à mon défi, vous me demandez l’impossible !

Elle répéta sans rien perdre de sa douceur, mais avec fermeté :

— Il faut que je voie Maurice.

Remy ne pouvait plus pâlir, mais ses traits se décomposèrent.

— Vous savez bien, dit-il très bas, car sa colère contenue lui faisait peur à lui-même, vous savez bien que je ne puis vous refuser. Plus tard… demain…

— Aujourd’hui, interrompit Valentine, ce soir.

— À cette heure de nuit ! se récria Remy, je ne connais pas d’exemple…

Elle l’interrompit encore et dit :

— Monsieur d’Arx, vous êtes juge d’instruction ; à l’égard de l’accusé que la loi vous livre, votre pouvoir n’a point de bornes.

Remy courba la tête ; le souffle s’embarrassait dans sa poitrine.

Après un instant, il saisit brusquement la lampe et dit :

— Vous le voulez, suivez-moi.

Il prit le chemin de la porte. Valentine marchait derrière lui.