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juge, il me condamnerait à refuser ; mais savent-ils, ceux du monde, ce que c’est qu’un grand, un irrésistible amour ? Je suis entraîné par une force qui me subjugue, j’ai essayé de combattre ; chacun de mes efforts attise le feu qui me consume. Je vous aime à un point que nul ne saurait dire ; vous êtes ma conscience, vous êtes mon honneur ; hors de vous, dans cette vie comme dans l’autre, il n’y a rien pour moi. Je sens si bien que mon existence entière serait consacrée à votre bonheur ! Vous avez parlé d’avenir, Valentine, je sens si bien que je vous rendrais la plus heureuse des femmes, si vous m’aimiez dans l’avenir, et que je vous donnerais le ciel sur la terre ! Ce n’est pas un rêve, non, l’amour appelle l’amour ; à force de vous adorer, je fléchirai votre cœur. Jusque-là, je vous le jure, Valentine, et voilà comment j’accepte, je resterai près de vous respectant vos regrets, consolant vos douleurs comme un frère… et je mourrai ainsi, je vous le jure encore, patient, résigné, si le jour ne vient pas où vos lèvres, d’elles-mêmes, s’abaisseront vers celles de votre mari prosterné.

Une larme tremblait aux cils de Valentine ; elle dit pour la première fois :

— Monsieur d’Arx, je vous remercie.

Puis, changeant de ton et rappelant son beau sourire, elle ajouta :

— Nous sommes des fiancés ; je vais vous demander mon cadeau de noces.

— Parlez ! s’écria Remy, dussiez-vous souhaiter l’impossible !