Page:Féval - L’Arme invisible, 1873.djvu/317

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

puis bien me railler, c’est la dernière ressource ; mais menacer, fi donc ! je suis esclave et vous êtes reine.

Son regard devint suppliant, et il ajouta :

— Écoutez ! l’excès de la souffrance rend méchant, j’ai senti cela tout à l’heure ; j’aurais voulu vous faire un peu de mal, tant mon cœur était atrocement broyé.

Le regard de Valentine s’attrista, mais elle garda le silence.

— Répondez, continua Remy d’Arx, vous qui ne savez pas mentir, dites-moi quelle arrière-pensée est en vous.

— Je n’ai pas d’arrière-pensée, prononça tout bas Mlle de Villanove ; quand j’aurai sauvé l’homme que j’aime et quand je l’aurai vengé, tout sera dit entre lui et moi. J’ai pesé ma tâche et je l’accomplirai. Je suis sûre de moi-même.

— Et l’homme qui aura accepté votre sacrifice, prononça timidement Remy, que lui donnerez-vous ?

— Pour le présent, je lui donne ma foi ; pour l’avenir…

Elle hésita.

— Pour l’avenir, répéta Remy.

Et comme elle tardait à répondre, il s’agenouilla devant elle, disant toute sa passion revenue :

— Oh ! Valentine, Valentine ! vous n’êtes pas comme les autres femmes, et qu’ai-je de commun avec les autres hommes ? Si le monde était pris pour