Page:Féval - L’Arme invisible, 1873.djvu/316

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dans la vaillance naïve de son sacrifice, Valentine répéta sa question.

Sa voix n’avait rien perdu de son inflexion sonore et tranquille.

Le sang monta aux joues de Remy d’Arx, il fit effort pour parler ; ses yeux s’injectèrent.

En ce moment un fougueux élan de haine passa au travers de son amour.

La beauté de Valentine prenait pour lui des rayonnements surhumains qui insultaient à son supplice, qui envenimaient son martyre.

Une immense colère bouillonnait en lui ; ce fut une pensée de vengeance qui rompit son mutisme et cette parole s’étrangla dans sa gorge :

— J’accepte !

Valentine pâlit, mais elle sourit.

— C’est bien, murmura-t-elle, vous avez confiance en moi et je vous remercie.

— À quand la noce ? demanda brusquement Remy.

Son accent essayait d’être sarcastique.

— Quand vous voudrez, monsieur d’Arx, répondit Valentine, dont les yeux se baissèrent pour la première fois.

— Le plus tôt sera le mieux, n’est-ce pas ? murmura le juge entre ses dents serrées.

Valentine répliqua :

— Je vous ai peut-être fâché : vous dites cela comme on raille ou comme on menace.

Remy essuya la sueur de son front.

— Railler ! dit-il en se parlant à lui-même, je