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Quelle que fût sa naissance, car aucune certitude n’existait à cet égard et nous verrons qu’elle doutait elle-même de son droit à porter le nom de Villanove, ce devait être un sang froid et fier qui coulait dans ses veines.

Au fond des campagnes, il y a de ces sérénités que rien n’arrête ni ne détourne ; il y en a aussi dans les villes.

Les flatteurs du peuple affirment que les mansardes en sont pleines ; les flatteurs des puissants n’osent pas prétendre qu’elles encombrent les boudoirs.

Elles existent, voilà le vrai ; on en a vu, mais elles sont rares en bas comme en haut.

Valentine n’était à proprement parler ni du boudoir ni de la mansarde.

Le milieu misérable où son enfance et sa jeunesse s’étaient passées ne participe en effet ni de l’un ni de l’autre.

Cette population de la foire dont elle faisait partie autrefois sans lui ressembler en rien l’avait admirée et entourée.

Le monde noble où elle était entrée en sortant de là, Sans transition aucune, l’avait examinée en vain de son regard le plus sévère et le plus perçant : rien ne restait en elle qui décelât le long voyage qu’elle avait fait dans le pays des saltimbanques.

Elle ne ressemblait pas plus, il est vrai, à ses charmantes compagnes de salon qu’elle n’avait ressemblé à ses pauvres amies de la baraque, mais elle restait si digne et si décente dans sa libre originalité, que