Page:Féval - L’Arme invisible, 1873.djvu/311

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Comprenez-moi bien, reprit Valentine, je vous ai dit : Je veux le sauver et je veux me venger. C’est précis et c’est net : Je le veux ! Vous êtes maître de sa vie, je suis maîtresse de ma main, je vous offre ma main pour sa vie.

Il y avait de l’égarement dans les yeux de Remy.

— Il ne faudrait point, poursuivit Valentine, donner à mes paroles d’hier un sens qu’elles n’avaient pas ; je vous ai dit que je ne pouvais pas être à vous et j’ai opposé à votre recherche mon passé comme une barrière ; une partie de l’énigme vous a été révélée : j’ai été Fleurette la saltimbanque avant de m’appeler Mlle de Villanove, mais je vous l’ai dit aussi : Fleurette était une honnête fille, Mlle de Villanove sera une honnête femme.

— Je ne rêve donc pas, balbutia Remy d’Arx.

Valentine prit sous sa mantille un rouleau de papier et le déposa près de lui.

— Il faut, dit-elle, que vous connaissiez complètement celle qui portera votre nom. Voici ma vie tout entière, et j’affirme devant Dieu que ces pages contiennent l’exacte vérité. Vous y trouverez une révélation qui vous est due, je vous l’avais promise. Dans cet écrit, vous verrez que nos ennemis sont les mêmes. Votre haine est ancienne déjà, et je la servais avant que la mienne fût née. Pourquoi allais-je vers vous ? Je ne sais. Peut-être était-ce mon destin. Mais maintenant il me faut, à moi aussi, ma vengeance ; elle entre dans mon pacte : vous punirez ces hommes qui m’ont pris mon bonheur.