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Ce fut Valentine qui renoua l’entretien la première.

Par un effort puissant de volonté, elle avait rappelé à ses lèvres le souffle résigné qui la faisait belle comme une sainte.

— Que la soirée d’hier est loin de nous, monsieur d’Arx ! dit-elle. Hier, vous m’avez demandé ma main et je vous ai répondu par un refus, en ajoutant que je voulais vous expliquer mes motifs et me confesser à vous en quelque sorte, parce que personne au monde ne m’a inspiré au même degré que vous une complète estime, une sérieuse sympathie.

Depuis hier, la foudre est tombée entre nous.

Monsieur d’Arx, Maurice est accusé d’assassinat et vous êtes le juge de Maurice.

Vous l’avez interrogé, il a dû vous répondre franchement, car jamais un mensonge n’a passé entre ses lèvres ; vous devez savoir au moins une partie de ce que je voulais vous apprendre, et la romanesque histoire de Fleurette n’aura plus pour vous l’attrait de la nouveauté.

Je vous avais annoncé aussi des révélations d’un autre genre ; le hasard a mis sous mes yeux le travail confié par vous au colonel Bozzo, et c’est en faisant allusion à la bataille que vous livrez, monsieur d’Arx, que je vous avais dit : Je suis comme vous la victime de cette redoutable association ; de vous à moi il existe une attache mystérieuse…

Eh bien ! la même attache vous lie maintenant à Maurice Pagès ; refuserez-vous de le défendre contre ceux qui ont tué votre père ?