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Quand Maurice, après la lecture de son interrogatoire, eut quitté le parquet pour rentrer en prison, le greffier alla faire un bout de toilette dans son bureau et dit son commis :

M. d’Arx a un coup de marteau, un bon ! Je viens de voir une scène qui ferait de l’effet à l’Ambigu. Je n’ai pas compris tout à fait, mais il y a une dame dans l’histoire et ça promet d’être raide. J’ai mes couplets à faire d’ici la barrière du Maine, ne vous en allez pas sans prendre les ordres de M. d’Arx.

Aussitôt après le départ de son chef, le commis brossa le collet de sa redingote, mit un faux col et lustra son chapeau.

— Bernard, dit-il au garçon du greffe, j’ai une affaire de famille du côté de Mme Saqui, ne sortez pas sans prendre les ordres de M. d’Arx.

Je ne sais pas où Bernard était attendu, mais dès que le commis eut tourné les talons, il décrocha sa casquette et ferma le bureau.

Quelque chose de semblable se passait dans l’antichambre du cabinet ; on ne veille pas tard au Palais de justice et les mœurs y sont patriarcales.

Remy d’Arx ne s’apercevait pas du silence qui se faisait graduellement autour de lui.

Depuis longtemps aucun bruit de porte ouverte ou fermée ne s’entendait, aucun pas ne résonnait dans les corridors.

L’horloge du palais tinta neuf heures.

Remy était assis à la place même où nous l’avons laissé, sa tête reposait dans sa main, la lumière de la lampe tombait sur son front où se creusaient des