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Maurice ne prenait point garde au changement de sa physionomie, car l’émotion l’aveuglait.

— Quelle position, demanda le juge avec égarement, cette Fleurette occupe-t-elle à l’hôtel d’Ornans ? est-elle au service de la marquise ou au service de Mlle de Villanove ?

Maurice répondit :

— Cette fleurette est Mlle Valentine de Villanove elle-même.

Il y eut un grand silence. Le greffier regarda tour à tour les deux interlocuteurs et s’écria :

M. le juge se trouve mal !

Remy d’Arx avait, en effet, chancelé sur son siège.

— Ce n’est rien, dit-il.

Et faisant sur lui-même un effort terrible, il ajouta :

— Lieutenant Pagès, avez-vous tout dit ?

— Tout, répliqua Maurice absorbé en lui-même.

— Alors, monsieur le greffier, prononça péniblement Remy, donnez à l’accusé lecture de son interrogatoire.

Tout en rassemblant ses feuilles et en assurant ses lunettes, M. Préault se demandait :

— Que diable y a-t-il donc ?

Il commença :

« Le vendredi, 22 septembre 1838, en présence de M. le juge d’instruction Remy d’Arx, a comparu… »

Mais il n’acheva pas, parce que, à ce nom de Remy d’Arx, Maurice s’était levé tout debout.

D’un mouvement pareil qui ne dépendait point de