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aérien, et en quelques secondes j’atteignis un grand arbre, où j’essayai d’abord de me cacher.

Mais il y avait déjà du monde dans le jardin. Par où ces gens étaient-ils entrés ? Que faisaient-ils ? Le drame où je venais d’être acteur avait passé, rapide comme la pensée ; j’affirme que dix minutes ne s’étaient pas écoulées entre le premier cri de la victime et le moment présent. Ces gens étaient donc là d’avance ; le piège avait donc été tendu au-dehors comme au-dedans.

— Notez bien cela, M. Préault, n’oubliez rien, dit le juge, qui venait de prendre dans le dossier un plan figuratif et qui le déployait devant lui sur la table.

— Où est l’arbre ? demanda-t-il en s’adressant à Maurice.

— Ici, répondit le jeune lieutenant, qui posa son doigt sur le papier. De là, je voyais ceux qui couraient dans le jardin et ceux qui se pressaient déjà aux fenêtres. On m’avait aperçu aux rayons de la lune, car tous criaient à la fois : « Regardez ! le voici ! nous le tenons ! »

Maurice passa la main sur son front où perlaient des gouttes de sueur froide.

Les yeux de Remy, qui s’étaient fixés d’abord sur la partie du plan indiquant le chemin suivi par l’accusé, embrassaient en ce moment l’ensemble du dessin.

Le plan formait un angle droit dont un des côtés portait pour légende : « Rue de l’Oratoire ; » l’autre : « Avenue des Champs-Élysées. »