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tronne, et sur cette jeune fille qui portait le nom de Fleurette. On a dû interroger un de vos amis, un ami pour qui vous n’aviez rien de caché.

— Je me connais de bons camarades au régiment, répliqua Maurice, mais je n’ai jamais confié mes affaires à personne.

— Alors, demanda le juge, qui avait aux lèvres un sourire presque triomphant, comment expliquer cette merveille ? La police mérite rarement qu’on l’accuse d’être trop habile. En quelques heures, il a fallu rassembler les renseignements que voici, et qui, en vérité, semblent avoir été donnés par vous-même, tant leur exactitude est complète ; il a fallu, en outre, rédiger ce rapport, le mettre au net et le déposer à la préfecture, qui l’a fait parvenir ici avant mon arrivée. Il y a des sortes d’encres qui sèchent très vite, je le sais, mais l’écriture de ce document ne semble pas toute fraîche ; on dirait que la nuit a passé sur cette copie.

Pendant qu’il parlait, Maurice le regardait avec étonnement.

— Monsieur le juge, dit-il d’une voix très émue, cherchez-vous donc vraiment à me trouver innocent ?

— Je cherche les coupables, répliqua Remy d’Arx, qui fixa sur lui ses yeux perçants ; vous ne les connaissez pas encore, et pourtant vous allez m’aider à les trouver. Monsieur Pagès, cette pièce était fabriquée d’avance.

— Vous croiriez !… s’écria le jeune lieutenant stupéfait.