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lieutenant aux renseignements recueillis par la police.

Elle était profonde et peut-être mortelle, la blessure que lui avait faite l’arme invisible ; la main qui avait porté le coup était exercée : elle avait frappé en plein cœur. Mais les plaies de l’âme sont comme celles du corps, et tel remède qui n’a pas la puissance de guérir peut du moins calmer la fièvre et produire une trêve.

Ainsi en était-il de Remy d’Arx qui oubliait un moment son angoisse et se redressait, ravivé par une diversion inattendue.

Le lévrier mourant bondit encore si on lui montre la trace du cerf ; Remy venait de tomber à l’improviste sur la piste de ceux qui avaient tué son père.

Les Habits-Noirs étaient là, il le sentait ; le sang corse, rallumé tout à coup, bouillonnait dans ses veines comme aux jours de sa jeunesse.

Ses narines dilatées tremblaient, son œil brûlait.

Quand Maurice aborda cet épisode de son histoire où, se trompant de porte, il était entré dans une baraque de saltimbanques au lieu d’aller coucher à la caserne, Remy l’arrêta du geste et prit à la main celui des trois rapports qui n’avait pas de signature.

— Voici un travail admirablement fait, murmura-t-il, trop bien fait ; cela tient du miracle. Le crime a été commis ce matin, et ce soir nous avons au dossier quelque chose qui pourrait être intitulé : « Les mémoires de l’accusé. » J’y trouve tout ce que vous me dites, lieutenant Pagès, avec des détails encore plus intimes sur Mme Veuve Samayoux, votre pa-