devinait très bien les mauvais instincts de ce beau garçon-là, à travers son masque de douceur et de franchise.
Maurice dit enfin à voix basse :
— Je sais bien que je suis perdu, à quoi bon tout cela ?
— Est-ce un aveu ? demanda Remy, dont la voix grave prenait à son insu l’accent de la compassion.
— Non, répartit Maurice vivement, je jure devant Dieu que je suis innocent ; mais qu’importe, puisque vous ne pouvez pas me croire ?
Le jeune magistrat dit avec lenteur :
— Je ne sais rien, je ne crois rien, je suis ici pour découvrir la vérité. Votre vie passée plaide le pour et le contre : vous avez quitté les études qui vous préparaient à une carrière honorable pour suivre une troupe de saltimbanques, mais depuis lors, vous avez porté l’uniforme et votre conduite en Algérie a été celle d’un vaillant soldat. Regardez-moi en face et parlez librement. Si vous êtes tombé dans un piège, dites-le, je vous écoute.
Pour la seconde fois, les yeux de Maurice rencontrèrent ceux de Remy d’Arx et il murmura :
— Monsieur, que Dieu vous récompense ; je n’espérais pas trouver tant de bonté en vous, mais je n’ai plus d’espoir.
Le greffier avait mis sa plume derrière l’oreille et se disait :
— C’est donc comme ça qu’on interroge maintenant ? excusez !
Maurice poursuivit :