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et resta debout, les bras tombants, la tête haute, mais sans affectation de forfanterie.

Il avait les mains libres et ne portait du costume des prisons que la veste, sous laquelle on voyait son pantalon d’uniforme.

Il était pâle et très défait ; néanmoins son regard mâle ne laissait paraître aucune faiblesse.

Au moment où ce regard, qui était dans toute la force du terme celui d’un honnête homme, se croisa pour la première fois avec celui de Remy d’Arx, les sourcils du jeune magistrat se froncèrent malgré lui et la paupière de Maurice se baissa.

L’interrogatoire commença aussitôt.

Sur la demande du juge, Maurice donna ses nom, prénoms et qualités.

Le greffier, petit homme maigre, à pince-nez prétentieux, écrivait en songeant à ses affaires.

Sur le terrain de l’instruction, il se croyait bien plus avancé que Remy lui-même, et rassasié qu’il était des cancans du palais, il regardait déjà comme une très vieille histoire ce meurtre qui ne datait que de quelques heures.

Son opinion était formée solidement ; il avait en lui-même condamné Maurice à l’échafaud ou tout au moins au bagne, pour le cas où les jurés auraient la faiblesse d’admettre des circonstances atténuantes.

Maurice fut quelque temps avant de répondre à la première question qui aborda le fait.

Le greffier eut tout le loisir de l’examiner par-dessus son pince-nez et de s’avouer à lui-même qu’il