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Ceux dont la jeunesse fut austère sont incendiés parfois ainsi par la foudre qui frappe tardivement.

Les joyeux jours du printemps, les souriantes années que d’autres dépensent en folles amourettes, Remy d’Arx les avait données tout entières au sombre travail qui avait été si longtemps le but unique de son existence.

Son adolescence n’avait rien prodigué au dehors ; tout ce qui brûle chez l’homme s’était amassé en lui silencieusement et la première étincelle d’amour venant à le toucher avait allumé un volcan.

C’était la violence inouïe et la naïveté sans égale de sa passion qui avaient si fort étonné, la veille, Francesca Corona.

Il aimait à la fois comme un enfant et comme un vieillard, avec les effervescences du premier âge, avec l’ardeur stérile et désespérée des derniers jours.

Rien ne restait en lui, sinon cette flamme triste et souveraine, combattue en vain par l’impuissante volonté de continuer son œuvre.

Tout lui parlait de Valentine, mais Valentine elle-même, entrant à l’improviste dans son ancienne vie et lui apportant une aide inespérée, n’avait pu réveiller en lui le feu éteint de la vengeance.

Valentine, parlant des assassins de Mathieu d’Arx, de ces Habits Noirs que Remy poursuivait depuis tant d’années, Valentine, promettant d’apporter la lumière dans la nuit que tant d’efforts n’avaient pu dissiper, avait été à peine écoutée.