Page:Féval - L’Arme invisible, 1873.djvu/270

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lessive et l’apparence de l’ensemble allait presque jusqu’au délabrement.

Au centre de la pièce il y avait une table carrée, posée sur une natte et couverte de papiers en désordre : vous eussiez dit la table d’un poète.

Une autre table en bois noir, portant pupitre et écritoire, se plaçait en travers de la première comme la barre d’un T.

La muraille qui faisait face à la fenêtre était cachée par des casiers contenant des cartons étiquetés ; la tablette de la cheminée supportait un buste de Louis-Philippe, et l’on voyait des deux côtés de la porte principale, à droite une vieille pendule, à gauche un baromètre à cadran.

Tout château a ses communs ; c’étaient ici les communs du château de Thémis.

Remy d’Arx était seul, debout, le chapeau sur la tête, devant la croisée, dont ses doigts distraits battaient les carreaux étroits et brouillés.

Il regardait sans le voir un vieil orme aux branches à demi dépouillées qui s’en allait mourant parmi les décombres et les moellons entassés dans la cour de la Sainte-Chapelle.

Cet orme avait sa renommée.

Il était un des trois arbres célébrés sous la Restauration par M. de Jouy comme servant d’hôtellerie aux moineaux parisiens.

L’un d’eux, le plus illustre, qui avait grandi dans la rue Coq-Héron, vivait encore l’année dernière ; l’autre est mort en 1860, tué par les démolitions du quai de la Grève.