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peuvent attaquer. Contre celui-là il faut l’arme invisible : où est-elle ? qui de vous la connaît ? qui d’entre vous saurait l’aiguiser et la brandir ?

— Il n’y a que vous, père, répondit la comtesse avec conviction.

Les autres ajoutèrent :

— Maître, il n’y a que vous.

Le vieillard sembla jouir un instant de son triomphe, puis le feu de ses yeux s’éteignit et ses longues paupières retombèrent comme un voile.

— Mes amis, poursuivit-il en reprenant son accent bénin, vous en saurez bientôt autant que moi ; il me reste si peu de jours ! C’est ma dernière affaire. Il n’y a point de famille unie comme la nôtre ; vous êtes mes enfants, mes héritiers bien-aimés, et pensez-vous que j’aie attendu votre prière pour vous défendre ? non, je veillais sur vous et sur votre fortune. Ce qui forme l’égide de votre ennemi, ce sont les trois exemplaires de sa dénonciation, j’en possède un, j’aurai les deux autres ; mais d’ici là, soyez sans crainte. L’arme invisible est sortie du fourreau ; elle a déjà touché la poitrine de Remy d’Arx ; il vivra, puisque sa mort trop prompte vous tuerait ; mais il vivra enchaîné : je lui ai garrotté le cœur !