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vont sur ses brisées ; elle est comme l’Académie qui refuse d’admettre tout ce qu’elle n’a pas inventé ; mais le présent mémoire a précisément pour but de mettre au pas la préfecture.

Il prit le manuscrit et le retourna pour arriver d’un coup à la dernière page.

— En voici les conclusions, reprit-il ; elles sont logiques, précises, et il me paraît bien difficile que le ministre les repousse. Écoutez-moi cela :

« … Je demande donc à Votre Excellence l’aide directe du gouvernement. Il me faut des agents de l’administration mais il me faut en même temps une liberté d’allure complète et une indépendance absolue, surtout en ce qui regarde la préfecture de police.

« Je mets volontiers dans la balance mon avenir professionnel tout entier ; si j’ai fait fausse route, je suis un impudent et un fou, je me condamne moi-même à la retraite.

« Si au contraire j’ai bien vu, je ne sollicite rien, parce que je n’aurais rien fait qui ne soit du devoir d’un magistrat.

« Que Votre Excellence m’accorde trois choses : un titre pour agir, le choix de mes agents, carte blanche vis-à-vis de la préfecture, et sous quinze jours, à dater d’aujourd’hui, je m’engage à mettre les clefs des Habits-Noirs sous la main de la justice… »

— Il y a le marchef ! s’écria Corona ; on nous menace de nous noyer dans un verre d’eau. Frappons les premiers et tout sera dit.